
20 août 2025 - 277 vues
Avec Baby, sorti le 15 août 2025, Dijon nous livre un deuxième album studio qui marque un tournant radical dans sa carrière et dans son rapport à la création. Là où son premier disque Absolutely (2021) explorait déjà une forme d’anti-pop fragile et bricolée, Baby franchit un nouveau cap : c’est une œuvre profondément expérimentale, fragmentée et viscérale, conçue à la fois comme un laboratoire sonore et une confession intime.
Un contexte intime : la naissance comme catalyseur
Le titre Baby n’est pas anodin. Il fait directement référence à la naissance du premier enfant de Dijon, une expérience qui traverse l’album dans toutes ses nervosités et ses tendresses. La paternité devient ici un moteur créatif : les chansons respirent l’urgence, la fatigue, l’euphorie, mais aussi la vulnérabilité d’un homme qui se découvre père.
Cette intimité est renforcée par la manière dont l’album a été annoncé : un compte à rebours mystérieux lancé le 8 août 2025, avec une touche d’humour — “minuit, sauf si les samples ne sont pas cleared”. Cet esprit DIY et légèrement désordonné est au cœur de la démarche de Dijon.
Une esthétique sonore volontairement instable
Sur 12 morceaux et environ 40 minutes, Baby propose une écoute déroutante. Dijon déconstruit le R&B contemporain en le passant à travers un filtre de glitchs électroniques, de distorsions et de textures imparfaites.
On entend des basses saturées qui grondent, des batteries qui s’effondrent, des voix filtrées jusqu’à devenir presque fantomatiques. Parfois, la musique semble jouer depuis l’intérieur d’une enceinte, vibrante, mal captée, volontairement brouillée.
Cette esthétique découle d’une équipe fidèle : Mk.gee, Andrew Sarlo, Henry Kwapis, BJ Burton et Tobias Jesso Jr. Tous apportent leur savoir-faire dans l’art de rendre le chaos musical non seulement cohérent, mais émouvant.
Thèmes et narrations : le foyer comme champ de bataille
L’album s’articule autour de la domesticité et de ses contradictions. On y trouve :
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l’amour exalté mais fragile,
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la fatigue émotionnelle du quotidien,
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l’angoisse et la tendresse de la parentalité,
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une vision quasi cinématographique du foyer comme un lieu de tumulte intérieur.
Dijon ne cherche pas la perfection, mais plutôt la vérité brute des émotions. Ses chansons ressemblent à des éclats, des scènes arrachées à la vie réelle.
Réception critique : l’unanimité
Baby a été accueilli comme l’un des disques les plus marquants de 2025.
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Pitchfork (9.0/10) : “un album qui ressent plus qu’il ne s’écoute, où Dijon redéfinit le R&B par le chaos et la tendresse.”
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Paste (10/10) : “une œuvre avant-gardiste qui place Dijon dans la lignée de Frank Ocean et D’Angelo.”
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NME : “un retour explosif, à la fois expérimental et profondément humain.”
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The New Yorker : “la manie enflammée de Baby captive par son imprévisibilité.”
Sur Metacritic, l’album atteint une moyenne impressionnante de 93/100, confirmant son statut de classique immédiat.
Une tournée mondiale en préparation
Trois jours après la sortie, Dijon a annoncé une tournée nord-américaine et européenne, avec un passage par Paris. Cette tournée s’annonce comme l’occasion de transformer l’expérience chaotique de Baby en un rituel collectif, où la musique vivra dans toute sa fragilité et son intensité.
Le chaos comme nouvelle harmonie
Avec Baby, Dijon signe un disque qui ne cherche jamais à rassurer. Il dérange, déconstruit et surprend. Mais derrière ses déflagrations sonores se cache une profonde humanité : l’histoire d’un artiste qui se laisse traverser par l’amour, la peur et l’instabilité de sa nouvelle vie de père.
En embrassant l’imperfection et le désordre, Dijon livre un album à la fois radical et universel — une œuvre qui restera comme l’une des plus audacieuses du R&B expérimental contemporain.
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